En cette période pré-électorale, comment rendre Montréal plus compétitive pour contrer l’exode vers les banlieues? La ville possède déjà plusieurs avantages intrinsèques. À prime abord, ses citoyens bénéficient d’une qualité de vie exceptionnelle, notamment grâce au temps supplémentaire dont ils disposent par rapport aux banlieusards qui doivent affronter le trafic quotidiennement. De plus, la Ville regorge d’activités culturelles, de restaurants et d’animation urbaine, une offre sans égal. Quelles autres avenues peuvent être explorées pour alimenter le programme du futur maire? La densité des grandes villes est souvent perçue négativement. Or, on passe sous silence le fait que la densité, de par le nombre élevé de payeurs de taxes, engendre une richesse collective qui permet entre autres la création de projets pour la communauté, d’infrastructures et de programmes d’aide aux plus démunis, bref qui permet d’investir dans la qualité de vie des résidents.
Investir dans les équipements urbains
La clé du succès réside dans le souci de créer un cadre de vie pour ses habitants. Les promoteurs ont contribué au fil des ans à développer des projets où il fait bon vivre. Alors que dans les années 70, la maison unifamiliale avait la cote, l’architecture extérieure a pris le relais dans les années 80. En 90, l’emphase est mise sur les plans d’ensemble. Dans les années 2000, les espaces communs favorisant les rencontres prennent de l’ampleur et en 2010, certains intègrent des commerces aux projets, comme c’est le cas au 21e Arrondissement où une épicerie fine, un café, un bistro, une boulangerie et un traiteur se retrouveront autour d’un square central. Il incombe à Montréal de poursuivre cette amélioration en investissant (et non en dépensant, le choix des mots étant important) dans les équipements urbains et ainsi augmenter la qualité de vie des citadins. La piste cyclable du canal Lachine et le Vieux-Port sont des exemples éloquents de projets offrant un avantage différentiel à Montréal. La création du quartier international a pour sa part entraîné de nombreux investissements privés tels que des édifices à bureaux et un square animé. Il y a 25 ans, Prével lançait le Village St-Louis à Lachine, un projet de 1100 unités de logement. À l’époque, l’image de Lachine n’était pas la même qu’aujourd’hui. Le maire, Guy Décarie, avait fortement encouragé le projet en promettant d’investir dans l’aménagement urbain, c’est-à-dire un parc linéaire avec ruisseaux, sentiers, gazebos, aires de repos, etc. Les efforts réunis de la ville et de Prével ont permis de créer une réelle vie de quartier en plus d’une valeur foncière supérieure aux autres développements aux alentours. Certains anciens clients ont d’ailleurs mentionné hésiter à quitter leur maison, car ils sont très attachés au cercle d’amis qu’ils ont créé au fil des ans.
Mises en garde
Étant donné que Montréal est en compétition avec la banlieue, pour éviter l’exode, les élus doivent s’assurer de ne pas trop exiger de ses citoyens. À l’heure actuelle, seuls les projets de 200 unités et plus doivent participer à la construction de logements sociaux, une politique à laquelle nous adhérons pleinement. Nous croyons que, par souci d’équité envers tous les acheteurs, tous les projets devraient contribuer à cette cause importante. De plus, il faut considérer l’évolution du marché dans l’élaboration des normes de ce programme. En effet, alors qu’il y a 10 ans, un logement moyen d’une chambre avait une superficie de 950 pieds carrés, peut-on aujourd’hui demander à un propriétaire d’une unité de 500 pieds carrés de contribuer au logement social d’un minimum de 600 pieds carrés? Les élus doivent également s’assurer de respecter les gens qui ont choisi d’habiter à Montréal. Bien que ce dossier soit maintenant réglé, le corridor Dalhousie, qui prévoyait le passage de 1600 autobus dans une rue tranquille de Griffintown, aurait nui au bien-être de centaines de résidents du quartier. Un autre exemple : la rue Montfort dans Griffintown , construite il y a près de 50 ans et utilisée par des centaines de résidents depuis 10 ans, n’est toujours pas restaurée.
Les familles : petit deviendra grand
Plusieurs se questionnent également sur la meilleure façon d’accueillir les familles à Montréal. Il faut d’abord savoir retenir à Montréal, une fois leurs études terminées, les jeunes provenant des banlieues. En offrant de petites unités, les promoteurs permettent l’accès à la propriété, tout comme les subventions de la ville. Ces jeunes se créent ainsi un patrimoine qui leur donnera plus tard la possibilité de s’acheter un logement plus grand conçu pour une famille. Soyez donc réceptifs aux petits logements car ils représentent un levier pour les familles de demain. En conclusion, la Ville est un joueur clé dans la création d’un milieu de vie des plus attractifs que les citoyens peuvent s’approprier. Jacques Vincent